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01-03-2019
Interview de Marc Gilbert, spécialiste de la pêche de la truite

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A l’occasion de l’ouverture de la pêche de la truite, rencontre avec Marc Gilbert, Guide de pêche professionnel, spécialisé dans la pêche de la truite et animateur nature.

1 – Bonjour Marc, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Marc GILBERT, j’ai 27 ans, je suis marié et papa d’un petit garçon d’un an. Je suis moniteur guide de pêche depuis 7 ans et animateur nature spécialisé dans les techniques de vie en pleine nature, l’organisation de bivouac, etc… La pêche, pour moi, c’est une histoire de famille. L’histoire a commencé au pied des volcans d’Auvergne. C’est là que, du haut de mes 2 ans et demi, j’ai capturé mes premiers vairons et c’est là-bas également que j’ai commencé à traquer les truites fario en torrent à l’ultra léger, je devais avoir 7 ou 8 ans. Et c’est à partir de mes 10 ans que j’ai été fasciné par la pêche à la mouche. A partir de cet âge-là, c’est devenu une passion, un rêve, un défi. Mais le gros tremplin dans ma vie de pêcheur, je l’ai vécu à 13 ans, lorsque j’ai rencontré Jean-Benoît ANGELY, champion du monde de pêche à la mouche, ami et collègue tarnais qui est devenu mon mentor. Grâce à lui, j’ai progressé techniquement, j’ai rencontré pleins de passionnés et j’ai surtout découvert un métier/une passion, celui de moniteur guide de pêche, que j’exerce aujourd’hui.

La pêche est une passion qui me suit depuis toujours dans la vie mais je reste un affamé de nature. Du coup, j’ai pris le temps de vivre et de participer à des stages de survie et d’immersion en nature avec un trappeur et des organismes spécialisés. Un vécu que je souhaite transmettre également aujourd’hui, c’est pourquoi je m’amuse à lier les deux aujourd’hui.


2 – L’ouverture de la pêche de la truite, c’est le 9 mars, quel sentiment prédomine à l’approche de l’évènement ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Tout simplement de l’excitation ! J’aime beaucoup une citation qui dit : « qui garde son âme d’enfant ne vieillit jamais ». La pêche et mon métier me permettent de vivre cela d’une certaine manière. L’approche de l’ouverture me renvoie toujours à mon adolescence, lorsque je partais à l’aventure en moto avec mon meilleur ami pour faire l’ouverture… Du coup, je revis chaque année la même impatience ! Mais, c’est vrai que dès qu’on arrive en janvier, après les fêtes, on commence à compter les jours. On cherche les dernières revues de pêche, on prépare le matos. Et ce poisson à la robe dorée recouverts de points noirs et rouges redevient une réelle obsession. Le soir régulièrement, j’imagine cette prochaine ouverture : où, avec qui, quelle météo et quels poissons : gros, petits, nombreux, …. Aujourd’hui, l’ouverture signifie également de nombreuses retrouvailles. Mon activité professionnelle redémarre avec la saison de pêche, il m’est donc nécessaire d’être prêt et bien organisé.


3 – Pour cette année 2019, comment appréhender cette ouverture ? Comment bien la préparer et réussir sa pêche ?

Je trouve que la principale difficulté aujourd’hui pour cette ouverture est d’ordre climatique. En effet, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé comme on dit ! Cet enjeu environnemental a de sévères répercussions sur le milieu aquatique et donc le comportement de la truite (température et qualité de l’eau, quantité de nourriture… tout est lié). Du coup, je pense qu’il faut bien suivre l’évolution météorologique jusqu’à l’ouverture. En général, s’il fait bien froid, il faut s’attendre à trouver des poissons au fond et exigeants (Hors comportement d’agressivité, ils ne se déplaceront pas pour rien). Leur activité risque d’être plus réduite. En revanche, si le printemps arrive avant l’heure et que les températures sont en hausse, on peut imaginer des plages d’activités plus larges et des poissons plus réceptifs aux sollicitations.

Pour bien préparer sa pêche et la réussir, voici quelques tuyaux personnels : Déjà, tous les ans, je prévois plusieurs sites de pêche avec des altitudes variables pour pouvoir m’adapter aux conditions la veille de l’ouverture. En premier lieu, je vais commencer par parler d’un point qui me semble important et facilement négligé, c’est celui de la condition physique. Je ne peux que conseiller et inciter les pêcheurs itinérants et particulièrement ceux de rivière qui n’ont pas d’activité sportive régulière (hors saison de pêche), de se préparer un peu physiquement. La pêche, notamment en rivière est sportive. Une condition physique entretenue est un gage de sécurité. A l’ouverture, les eaux sont froides, les accès moins nets, un accident peut vite venir gâcher la journée tant attendue. Alors qu’un peu de marche et de repérage en amont peuvent nous éviter bien de mauvaises surprises.Un autre point important est celui du matériel. Il faut penser à contrôler et à préparer tout son matos, en commençant par l’habillement du pêcheur. Il doit être confortable, chaud et capable de nous tenir au sec toute la journée, quelle que soit la météo. Cette précaution garantit à elle seule de passer une journée agréable. Ensuite, il faut, bien entendu, s’occuper de son matériel de pêche. Je ne peux qu’inciter les pêcheurs à vérifier leurs cannes, graisser leurs moulinets, changer leurs nylons (qui auront été affectés par le temps de stockage et le soleil de la saison passée). Ces petits détails occasionnent souvent des déceptions. Pour les moucheurs, il faut penser à remplir ses boites à mouches (je parle essentiellement pour moi (rires)). Et bien sûr, ne pas oublier la carte de pêche en deux ou trois exemplaires (j’en laisse toujours une dans la voiture). 

« Réussir SA pêche », j’aime cette formulation, elle évoque cet aspect très personnel, voir intime. Quelque chose propre à chacun et à chaque moment. Ainsi pour réussir SA pêche, je conseillerais tout simplement aux pêcheurs de se fixer des objectifs personnels. En gardant comme finalité, le plaisir, bien-sûr. Je m’explique, par exemple, sur certains parcours, je recherche le gros poisson. Pendant des entrainements de compétition, je recherche la quantité et l’efficacité. Parfois, je cherche juste à ramener le déjeuner pour le dimanche. D’autres fois, je veux pêcher en sèche et c’est tout. Ces dernières années, je privilégie plutôt la convivialité, les retrouvailles entre amis et les rires. Ces différents objectifs sont pour moi un moyen sûr de prendre du plaisir et d’évoluer dans mes différentes techniques. C’est très naturellement que découle le choix du lieu et de la technique.


4 – Quelle(s) technique(s) de pêche faut-il favoriser pour taquiner la truite ? Comment déterminer son site de pêche ?

Choisir son site de pêche, comme je l’ai dit précédemment, dépend des objectifs fixés, de la condition physique du pêcheur et du plaisir recherché. « La technique pour taquiner la truite » ah ! (soupir) A mon avis, cela reste une question de goût car toutes les techniques présentent certains atouts mais elles ne s’adaptent pas forcément à tous les milieux.

En bon adepte de la pêche à la mouche, je dirai qu’elle est certainement pour moi la plus polyvalente des techniques (car beaucoup de possibilités : sèche, nymphe, noyée, streamer, etc…). En général, le pêcheur à la mouche lambda commence à trouver des limites pour la pêche en ruisseau.

Ensuite, pour ces mêmes ruisseaux, on privilégiera plutôt la pêche au toc (qui s’adapte autant en petite qu’en grande rivière). A l’heure actuelle, les cours d’eau sont chargés, certains ont même été en crue début février. Si c’est également le cas à l’ouverture, je pense que cela reste une valeur sûre qui fonctionne souvent. Pourquoi ne pas tester de compléter la pêche au vers par un peu de pêche en nymphe ? Un mariage de techniques en vogue en ce moment. Par contre, attention les « toqueurs », le ferrage rapide exigé !

La pêche au lancer (leurres et cuillères) est intéressante aussi bien en lac qu’en rivière. Elle est efficace pour couvrir plus de terrains et provoquera sûrement l’attaque de gros poissons ne supportant pas d’être dérangés. Je conseillerais d’éviter les animations trop rapides à l’ouverture et de favoriser la recherche à proximité des zones de repos du poisson. Le vairon mort manié, à ma grande surprise, ne fonctionne pas de manière optimale partout et tout le temps. En tout cas, lors de ma pratique j’ai eu des résultats irréguliers. Un spécialiste de la technique tiendra certainement un autre discours. Cependant, ça reste une technique étonnante pour faire sortir de gros poissons de leurs caches. Un de ses gros avantages est qu’on peut se permettre d’insister sur les postes (pour peu que l’on soit discret) et c’est souvent là qu’on rend fous certains poissons.


5 – Si vous deviez orienter le pêcheur vers un bon endroit de pêche à découvrir, lequel serait-il et pourquoi ?

Pour ceux qui veulent un maximum de chances de faire de grosses truites, je conseillerais d’aller découvrir les parcours no-kill du Thoré et de l’Arnette. Les poissons seront bien reposés de la saison passée et un peu moins tatillons. Pour ceux qui souhaitent du milieu hostile, des truites difficiles et mystérieuses, je recommande les gorges de l’Agout, au-dessus de Luzières et de Brassac. Mais attention ce sont des endroits où la pêche est difficile, je dirai même capricieuse. Ça peut être excellent (vraiment !), comme ça peut être un vrai casse-tête mettant à vif les nerfs du pêcheur. Dans la mesure du possible, évitez d’y aller seul et prévoyez au moins deux techniques de pêche. Pour ceux qui veulent savourer des truites et assurer un panier pour l’ouverture, le mieux est de s’orienter vers les parcours surdensitaires ou les plans d’eau régulièrement empoissonnés par la Fédération et les AAPPMA. Des poissons vigoureux auront été réintroduits pour repeupler ces milieux à forte pression de pêche, alors autant en profiter. Je garde également un très bon souvenir d’une saison où j’ai exploré le Viau dans les Monts de Lacaune. J’avoue avoir été séduit. Je pense qu’il y a toujours de jolies truites en poste qui attendent les pêcheurs méticuleux. C’est aussi une rivière un peu plus petite qui est assez exigeante techniquement. A redécouvrir pour ma part, mais c’est une destination à cocher. Ensuite, il y a le Gijou et pour ceux qui souhaitent s’y aventurer, c’est une rivière de taille raisonnable où j’ai connu de belles pêches par le passé. Enfin, on a la chance d’avoir de grands et magnifiques lacs comme la Raviège et le Laouzas ou encore les Saints-Peyres qui permettent de passer de belles journées au bord de l’eau. Avec en plus la possibilité de capturer d’autres poissons comme les perches (et oui pêcheur avant tout, j’aime m’amuser avec tous les poissons).


6- Quelles sont les qualités requises pour un pêcheur de truite ?

A mon avis, les qualités essentielles pour un pêcheur de truite sont :
- La patience et la persévérance,
- Avoir une bonne connaissance du milieu et de la truite,
- Rechercher la précision dans sa technique et avoir le sens du détail (c’est souvent là que se fera la différence),
- Avoir un bon sens de l’eau (savoir lire la rivière),
- Etre heureux à chaque moment passé au bord de l’eau…

Et certainement plein d’autres qualités que j’oublie. Je vais terminer en souhaitant une bonne et belle ouverture de la pêche 2019 à tous les amoureux de ce merveilleux loisir.



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